Loués soient les OGM
Sur l’emballage des oeufs « Loué », il est indiqué « avec ou sans OGM, à vous de choisir ». Je me suis dit que c’était une belle initiative de la part de la marque d’ouvrir le débat sur les OGM. Mais en fait, pas de débat : tout le discours est « anti-OGM »… Et j’ai du mal à comprendre.
Une seule cloche qui sonne le glas des OGM
Depuis des années, le discours sur les OGM dans les médias est biaisé : la moindre voix qui s’élève pour défendre cette technologie est accusée de mettre en danger la vie des gens pour des raisons bassement commerciales, de rentabilité…
Chaque arrachage de plant de maïs transgénique fait la Une des journaux, avec des chiffres sur le rejet des OGM par nos concitoyens, les dangers possibles de la dissémination des semences sur l’environnement, de l’ingestion des OGM sur la santé… Pas de débat ici non plus, mais le diktat d’un courant de pensée qui n’a rien de scientifique.
Parmi les voix qui s’élèvent pour défendre les OGM, on trouve le site www.ogm.org. Ici non plus pas de débat, mais c’est dans l’autre sens: tout les verbatim des associations et des ONG sont en faveurs des OGM… Comme s’il n’y avait pas de contestation. Quel dommage !
Comment se fait-il que nous ne soyons pas capable d’avoir un débat ouvert sur cette question ? La pilule, l’avortement, le nucléaire, tous ces sujets ont fait ou font encore débat aujourd’hui. Ce ne sont pas des sujets faciles, mais il est courant de voir à la télévision des prises de parole en faveur ou contre ces choix de société. Pas les OGM.
Pourquoi occulter leur intérêt ?
Chantal Jouanno, dans un article du Monde, déclare même : « Ce qu’on conteste aujourd’hui, c’est une proposition d’OGM dont ne voit pas ce qu’elle apporte : pourquoi accepter les incertitudes environnementales alors qu’on n’en voit pas les bénéfices ? » Mais de quelles incertitudes environnementales parle-t-on ?
Nous connaissons aujourd’hui, malheureusement, de nombreuses catastrophes écologiques : marées noires, pollution des nappes phréatiques, algues vertes… Aucune de ces catastrophes n’est due aux OGM. Et pourtant nous continuons de transporter du pétrole, d’élever des porcs, de faire de l’agriculture intensive.
Pourtant les OGM pourraient faire partie d’une solution écologique : moins de pesticides, moins d’engrais, moins d’eau… La manipulation génétique permet d’accélérer l’amélioration des espèces végétales, que nous pratiquons depuis que l’homme cultive des plantes.
Un exemple amusant d’ « amélioration » génétique est la couleur des carottes. A l’état sauvage, elles sont naturellement violettes ou jaunes. Leur couleur orange actuelle vient des botanistes hollandais, qui souhaitaient faire honneur à leur pays en donnant à la carotte la couleur nationale.
La recherche agronomique ouvre des voies très diverses, et on peut s’interroger sur l’intérêt de développer des OGM résistants aux herbicides: l’emploi de ces végétaux conduit naturellement à utiliser ces herbicides et donc à polluer les sols. Néanmoins, des OGM sont aussi développés pour décontaminer les sols, pour capter les nitrates ou pour consommer moins d’eau.
Pour un vrai débat sur les OGM
La présence d’OGM dans les aliments préoccupe les Français. De plus en plus, on peut voir sur les aliments « garantit sans OGM », et les entreprises agro-alimentaires françaises de déclarer publiquement qu’elles n’utilisent pas d’OGM dans leurs produits. Pourquoi ? Quelles sont les preuves scientifiques d’un impact négatif de la consommation d’OGM sur la santé ?
J’ai l’impression de vivre au Moyen-âge, qui condamne une pratique par dogmatisme et obscurantisme. Les demandes de moratoires sur la recherche dans ce domaine sont une aberration : comment peut-on évaluer leur effet sur la santé si on ne peut pas les étudier ?
Cette attitude me dérange plus qu’un potentiel effet néfaste, car elle a pour conséquence le non-développement de cette expertise en Europe, l’impossibilité de faire avancer les connaissances.
J’aimerai pouvoir participer à la transparence des débats dans ce domaine, creuser les différents points de vue et aider le grand-public à se construire une opinion basée sur des faits scientifiques. En commençant ici, qu’en pensez-vous ?
Brice dit :
Le 11 mars 2011 - 12:51
Comme tu le sais, je partage totalement ton inquiétude face à la puissance du dogme anti-OGM et à ses méthodes de terreur intellectuelle et psychologique sur l’opinion publique.
Un rejet « viscéral » d’autant plus troublant qu’il n’a aucun relais dans d’autres régions du monde. Les Etats-Unis, l’Amérique du Sud (et notamment le Brésil), la Chine ou encore l’Inde sont tous dans une démarche de recherche et de compréhension du rapport entre les bénéfices et les risques – Seule l’Europe, France en tête, a choisi la diabolisation et la confiscation du débat.
Pire encore, le registre utilisé par les écologistes est devenu au fil des ans complètement dépourvu d’arguments et basé sur des images choc destinées à nous prendre par les tripes, comme cette campagne choc de la FNE avant le dernier salon de l’agriculture où l’on voit un homme se « tirer un coup d’épi de maïs » dans la tête !
La nouveauté fait peur, c’est normal. Parfois même c’est très salutaire. Mais après 20 ans de culture des OGM par 80% des pays de la planète sans un seul mort ou un seul drame écologique au compteur… Peut-être en effet serait-il temps, au moins, d’ouvrir le débat et de laisser tomber les haches de guerre.
Merci et bravo d’avoir le courage de ne pas hurler avec les loups mais de réfléchir avec les bergers, comme tu le fais toujours ! 🙂
Suzanne dit :
Le 11 mars 2011 - 13:03
Je découvre ton blog avec beaucoup de joie et d’intérêt.
« Je » est une maman de 3 enfants (13,10 et 9 ans), active (un job), engagée (défense de la forêt amazonienne) et rêveuse-active (oui je crois à un monde meilleur où tous les êtres vivants vivraient en harmonie et j’ouvre des pistes)
Et parce que je suis une rêveuse-active, je m’interroge énormément sur notre relation au monde vivant.
Et forcément, le sujet des OGM m’interpelle.
J’aimerais comprendre ce sujet.
Impossible car tel que celui-ci est traité, il n’est pas question de comprendre mais de prendre parti.
D’être CONTRE et du même coup de devenir un défenseur de la Terre et de la Vie
ou POUR et alors devenir un monstre assoiffé de profits, avide de manipulations et de malformations, prêt à précipiter toute la chaîne du Vivant dans la mort par déformation. Les images les plus folles apparaissent où l’humanité est vouée à dégénérer, à sombrer dans la maladie et la folie à cause de sournoises mutations génétiques dues aux OGM.
Et là, je me sens très mal à l’aise. Il y a des relents de Moyen Age, d’obscurantisme, un rien d’inquisition.
De quoi parle-t-on?
Comme toi, j’aimerais que l’on puisse explorer ce sujet et l’explorer vraiment. En comprendre les enjeux, les bienfaits, les risques et plus encore.
Je voudrais sur les OGM prendre position, pas prendre parti.
Alors si tu peux contribuer à cela, merci. Moi, je te suis
Ghislaine dit :
Le 11 mars 2011 - 13:33
@Brice et @Suzanne : il ne me reste plus qu’à :
1/ travailler à la communication de l’INRA ou,
2/ trouver des clients qui souhaitent ouvrir le débat…
Pas facile dans un pays comme le notre ! Ceci dit, l’INRA communique de plus en plus sur le sujet, notamment suite à l’arrachage des vignes OGM de Colmar (http://www.inra.fr/la_science_et_vous/vignes_ogm_de_colmar).
Je suis sure qu’en plus la plupart des gens sont ouverts à la discussion… Tant qu’on ne leur fait pas peur avec les monstres du placard!
tiphaine dit :
Le 14 mars 2011 - 01:14
Bonsoir Ghislaine, as-tu vu passer cet article?
http://www.lemonde.fr/planete/article/2009/12/11/une-etude-prouve-la-nocivite-pour-l-organisme-de-trois-mais-monsanto_1279552_3244.html#xtor=RSS-3208
tu parles des croisements génétiques. oui, effectivement, de tous temps les paysans ont manipulé les espèces et les ont croisées dans le but d’améliorer leur qualités de rendement, gout, etc…
mais croiser différentes espèces, créer des hybrides, cela n’a rien à voir avec l’introduction de gènes etrangers dans un organisme vivant.
en ce qui concerne l’utilisation de pesticides, il a déjà été prouvé que l’utilisation d’ogm ne la diminuait pas et même, contribuait à créer de « super-mauvaises herbes » encore plus résistantes amenant à utiliser encore plus de pesticides.
quant à réguler la consommation d’eau, de simples mesures de bons sens consistent à produire en adéquation avec son environnement (pourquoi s’acharner à produire des cultures gourmandes en eau sur un sol non adapté à ces cultures quand des espèces locales pourraient avantageusement etre produites? )
n’est-ce pas la première des urgences?
En ce qui me concerne, je ne suis pas scientifique et je n’ai pas mené d’études sur le sujet (comme la majorité d’entre nous). je peux juste avoir un avis et un ressenti que j’exprime. je me sers de mon bon sens : pour moi le principe de précaution prime. si je ne suis pas sure qu’une chose soit saine, qu’il s’agisse d’une boite de mais OGM ou d’un steak dans mon frigo, tout simplement je ne la consomme pas. j’attends qu’on me prouve son innocuité. servir de cobaye à l’échelle humaine, et gentiment patienter que les choses soient tirées au clair dans 50 ans, décidément, ca ne me tente pas.
on ne sait pas? très bien, alors on ne sait pas. je ne jouerai pas ma santé ni ma planète sur un « on ne sait pas ».
maintenant, concernant la recherche sur les ogm, je n’ai pas particulièrement d’avis pour ni contre. ou plutot si : je suis POUR que les efforts s’orientent en priorité et en urgence sur une utilisation rationnelle de l’environnement, sur la préservation et la diffusion des connaissances qui permettent aux agriculteurs de cultiver la terre de manière saine, sans avoir à payer des semences non réutilisables à prix d’or.
voilà!
Ghislaine dit :
Le 14 mars 2011 - 12:01
Merci Tiphaine,
Globalement je suis en ligne avec ce que tu proposes et je pense aussi que le bon sens s’est perdu.
Mais le principe de précaution est une notion qui n’a pas de sens ici, car le fait même de débattre ne peut pas nuire, or il n’est pas possible de débattre. Pourquoi? Parce que des personnes non scientifiques, non médecins mélangent des aspects sanitaires auxquels ils ne connaissent pas grand-chose, et des aspects dogmatiques (« on ne manipule pas le vivant », « le génome est une chose sacrée ») qui manquent d’explication rationnelle.
L’étude que tu cites est effectivement intéressante mais illustre bien les partis-pris des chercheurs: clairement leur objectif était de montrer l’effet toxique… D’ailleurs, je ne sais pas dans l’évolution des paramètres ce qui est bien ou pas…
On ne connait pas les données chez les « contrôles », il n’y a que des comparaisons, et les effets sont inverses sur les mâles et les femelles… Sans compter qu’une étude chez les rats ne peut être extrapolée à l’homme.
A aucun moment dans l’article on ne précise cela… Dommage… Le débat n’est à l’évidence pas dans les colonnes du Monde…
Pour voir l’article du International Journal of Biological Science, c’est ici: http://www.biolsci.org/v05p0706.htm
Brice dit :
Le 15 mars 2011 - 11:05
En fait, ce que je trouve triste ce n’est pas qu’il y ait des convictions ou des travaux sur les dangers des OGM, c’est l’opprobre jeté sur une technique dans son ensemble, indépendamment de ses résultats. C’est étrange et un peu inquiétant car ça nous rappelle le discours de l’église catholique contre la science au moyen-âge ou, plus récemment, les alertes des experts sur les dangers du train au XIX° siècle (nos corps vont exploser si on dépasse 100 km/h !) ou de l’électricité au début du XX° siècle…
Or ce n’est même pas si clair dans l’esprit du public, puisque chaque année des millions de français se mobilisent pour le Téléthon, qui n’a pas d’autre objectif que de développer les biotechnologies pour soigner les hommes. Donc de réaliser des OGM humains, pour être parfaitement clair. Et ce sont d’ailleurs les maïs développés pour le Téléthon qui sont régulièrement arrachés par José Bové. Ce que les médias ne disent jamais, pour éviter que les français réalisent soudain qu’il est diabolique de toucher à l’ADN des plantes qui alimentent les poulets qui pondent les œufs de Loué… Mais qu’ils financent la manipulation de l’ADN humain avec exactement les mêmes méthodes la main sur le cœur chaque année !
Tout ça pour dire : le débat n’a pas eu lieu et aujourd’hui la société avance dans un aveuglement complet sur ce sujet, à la limite de la schizophrénie entre le discours de Greenpeace et celui de Monsanto. Et là, je dois quand même te rappeler le commentaire que tu connais bien de Véronique Papon (qui était donc la responsable du programme anti-OGM à Greenpeace France) devant mes étudiants de Sciences-Po : « La nature est une chose sacrée et l’homme n’a pas à la toucher » ! Elle avait quand même jeté un sacré froid dans ma salle de classe. Ce qui bien sûr n’enlève rien au fait qu’on adore haïr monsanto qui a développé des armes de guerres chimiques pour le gouvernement américain durant la guerre du Vietnam. Entre les deux, on est servis…
Je réalise en te lisant et en te répondant qu’il faut que j’écrive à mon tour un post sur ce sujet sur mon blog pour expliquer, moi aussi, pourquoi Loué me choque quand ils s’amusent à dire « A vous de choisir » avant d’asséner un discours anti-OGM sans aucun argument de fond, contrairement à toi que je remercie et que je félicite d’avoir des arguments : une denrée rare ces derniers temps… 😉
Florence dit :
Le 15 mars 2011 - 11:53
Difficile de se forger une opinion lorsque l’on n’a pas de vision précise du sujet.
Difficile également, sur ce thème comme sur tant d’autres (danger des téléphones portables, vaccination contre la grippe H1N1, etc.), de prendre parti quand les avis sont aussi partagés.
Difficile de se faire sa propre opinion lorsque les deux camps ne font que s’opposer systématiquement sur le sujet, sans preuves scientifiques ou éléments objectifs d’un côté comme de l’autre.
Difficile pour moi de penser que les uns ont complètement tort et les autres ont totalement raison.
Alors « oui » à un débat mais sous certaines conditions : qu’il soit réalisé dans un climat constructif d’écoute et de collaboration.
Un débat où les participants, au lieu de de vouloir imposer à tous prix leur certitudes sur le sujet, apportent leurs convictions et leurs questions afin de nourrir la réflexion.
Brice dit :
Le 15 mars 2011 - 12:09
Je réalise, en te lisant, que la notion même de débat est sans doute dévoyée en France, ne serait-ce que par la détestable habitude des politiciens d’être toujours dans la négation du camp opposé. Ce qui est, là encore, une spécificité française car de nombreux autres pays.
Aux Etats-Unis, les élus nationaux sont capables de créer des commissions bi-partisanes sur les sujets d’intérêt général, ou d’avoir un grande liberté d’opinion et de vote à l’assemblée, indépendamment des appartenances politiques. Ils rendent des comptes aux électeurs plus qu’aux dirigeants des partis et ne l’oublient jamais.
Serions-nous capable de créer une « commission bi-partisane » sur les OGM ? En tous cas, nous sommes capables d’en rêver et c’est déjà un bon premier pas… 😉
Z dit :
Le 16 mars 2011 - 15:25
Je rejoins un peu Florence sur son idée : il est malheureusement difficile de se faire une opinion et de s’insurger pour ou contre les OGM. D’abord parce qu’un débat a besoin d’être alimenté d’arguments et que malheureusement ils nous manquent fort à ce sujet et ensuite car il suffit de tenir un budget un peu serré pour s’apercevoir que sans pour autant avoir de parti pris sur la question, on ne réfléchit pas plus de 4 secondes devant notre conserve de maïs Pouce ultra-OGMisée chez Auchan.
Pour ma part, l’idée d’ingérer des OGM ne me dérange pas tant mais plutôt celle qu’il faut que « les aliments soient toujours plus agréables à regarder » (ogm.org). Dans la mesure où on s’aperçoit que le bio est un marché de plus en plus fleurissant, on ne devrait plus se donner d’objectifs pareils mais concentrer davantage les recherches en OGM sur les bienfaits qu’ils peuvent apporter à l’homme à défaut d’en connaître les méfaits (par exemple l’injection des propriétés de l’huile d’olive dans le colza et le soja pour prévenir des maladies cardio-vasculaires). Les OGM restent entre autre une contrainte pour les agriculteurs, forcés de renouveler leur stock de graines tous les ans et ne devraient servir que les causes les plus nobles, en particulier la médecine.
Brice dit :
Le 16 mars 2011 - 18:12
En lisant ton commentaire, je réalise que les arguments « pour » et « contre » existent peut-être mais qu’ils nous dépassent. Ce débat devrait être porté par des spécialistes en qui nous puissions avoir confiance mais nous ne savons plus à qui faire confiance…
Quant aux ouvrages de vulgarisation, avons-nous réellement l’envie de les lire et d’ailleurs devons-nous en faire une priorité ? Si la démocratie moderne demande d’avoir une opinion éclairée sur tous les enjeux du débat public actuel, le rôle du citoyen promet d’être un véritable travail à temps plein…
Enfin, un mot pour préciser que les semences hybrides ne peuvent pas non plus être replantées par les agriculteurs. Ce qui n’excuse en rien la pratique mais mérite son propre débat. La neutralisation des semences est-elle une pratique éthique et acceptable pour préserver l’intérêt des entreprises qui travaillent à la sélection et la modification des espèces, comme Cargill ou Monsanto ? La loi l’autorise mais le débat n’est pas clos. La preuve ! 😉
tiphaine dit :
Le 16 mars 2011 - 16:32
@ Brice : lorsque Véro a dit : « La nature est une chose sacrée et l’homme n’a pas à la toucher », elle aurait du préciser qu’il s’agissait de sa croyance personnelle, et non de la position de Greenpeace elle-même… c’est une erreur de sa part. en aucune façon il n’est question de « nature sacrée » dans les statuts de Greenpeace, et en tout cas, du temps où j’y officiais, j’ai pu constater que les positions de l’association ne se prenaient pas en fonction de croyances, mais en fonction d’enquêtes et de rapport scientifiques. maintenant une association est composée d’individus, faillibles, avec leur peurs, leur foi, et aussi leur ostracisme et dogmatisme… on peut aussi rajouter : leur détermination, implicaton, bonne volonté, etc… pour ma part, le manichéisme tant dans un sens que dans l’autre me fait fuir.
@z : lorsque tu dis : « concentrer davantage les recherches en OGM sur les bienfaits qu’ils peuvent apporter à l’homme à défaut d’en connaître les méfaits ». je peux etre d’accord dans certains domaines, Brice parlait d’ailleurs du téléthon.
par contre, concernant « l’injection des propriétés de l’huile d’olive dans le colza et le soja pour prévenir des maladies cardio-vasculaires » nul besoin d’ogm sophistiqués, de danacol et autres activia pour résoudre ce problème et d’autres : moins de bouffe, moins de télé et plus de sport, ca suffit. pas besoin d’aller sur la lune.
un peu de bon sens, de simplicité, d’informations justes et non sponsorisées (non, les produits laitiers ne sont pas nos amis et pour autant, « 5 fruits et légumes par jour », non, c’est pas forcément bon pour tous) peuvent parfois suffire.
dans mon cas, pour avoir eu de petits problèmes de santé récemment et m’etre vue proposer une intervention chirurgicale risquée, un peu de principes nutritionnels de base (et de recherches d’infos concernant l’ayurveda) ont suffit.
Oui à la recherche lorsque c’est justifié.
Non s’il s’agit de poser une pauvre rustine sur un pneu déjà usé et crevé.
Ghislaine dit :
Le 16 mars 2011 - 18:17
C’est bien la limite des campagnes de santé publique: quand doit-on communiquer au plus grand nombre, quand doit-on faire des messages ciblés? Et d’ailleurs, comment cibler une population qui va rarement chez le médecin, est en situation précaire ou dans des métiers peu qualifiés, ne lisent pas les journaux et dont la principale source d’information est la télé?
Impliquer le grand-public, comme Loué le fait avec son pseudo débat, sur une thématique aussi complexe que les OGM – tellement complexe que même les spécialistes ne peuvent donner un avis tranché, est une forme de démagogie dangereuse qui entraine une défiance de l’ensemble de la population envers ceux là même qui devraient la rassurer…
Et à la fin, Josée Bové, qui n’a ni diplôme scientifique, ni même un discours rationnel sur le sujet, est le porte parole de la France sur les questions d’agriculture.
Je suis d’accord que tout le monde a le droit de se tromper et d’aller un peu trop loin dans ses prises de parole. Mais la personne dont vous parlez avec Brice était à Science Po non pas pour donner son avis personnel, mais pour donner celui de Greenpeace… Et là, c’est dommage de ne pas avoir un peu mieux préparé la question, parce que vu ce que tu dis les avis ne sont pas tranchés même en interne.
Dans tous les cas, je ne pense pas que la recherche sur les OGM soit une rustine sur un pneu crevé, mais plutôt une assurance d’aller dans le bon sens avec une technique qui peut apporter beaucoup à l’humanité, tant sur le plan nutritionnel que sanitaire. Si des sociétés éthiques peuvent l’utiliser… Et le débat sur l’éthique des semenciers est différent de celui sur les OGM…
Brice dit :
Le 16 mars 2011 - 18:18
Bien manger et faire du sport : je te reconnais bien là ! D’ailleurs, je t’ai rencontré dans une salle de sport alors voilà déjà notre première valeur commune ! 😉
J’entends ton point pour Véronique Papon, c’est délicat de faire la part des choses quand on invite une personne au titre d’une organisation comme Greenpeace et qu’elle s’exprime à titre personnel, sans préciser que c’est le cas. Des deux côtés du débat, la rigueur est le premier effort de déontologie…
Mais surtout Tiphaine, je suis bien content d’apprendre que les médecines douces t’ont évité une intervention chirurgicale risquée ! C’est plus fort que moi, je te préfère largement en belle jeune femme rayonnante de santé qu’en pneu déjà usé et crevé ! 😀
Guillaume dit :
Le 16 mars 2011 - 18:58
La première fois que j’ai entendu parler des OGM, je devais être en 5° et l’on m’a dit qu’un jour on créerait des tomates et toute sorte de fruit carrés pour des facilités logistiques et de conservation. A l’époque j’avais trouvé cela génial.
Aujourd’hui ce sentiment n’a pas changé ; je reste convaincu que les OGM constituent un potentiel énorme dans l’Evolution que cela soit dans le domaine de la santé, de l’alimentation, l’environnement, etc. Je repense à la discussion de Brice et du riz doré ; dans un monde où près d’un quart de la population souffre de malnutrition, refuser cet aliment rassemblant dorénavant tous les bases de l’alimentation (vitamine a ajoutée) m’interpelle fortement.
Mais au vu de mes pauvres connaissances en la matière, mon discours est sans nul doute biaisé et je ne peux prétendre à être 100% POUR. Il me suffit de taper OGM dans un moteur de recherche pour m’apercevoir de la horde des fervents défenseurs d’une nature qui ne nous appartient pas. De plus des dizaines de sites semblent expliquer les risques liés aux OGM (risque sur la santé, sur l’environnement, sur la production agricole, ect.) et m’amènent donc à réagir sur ce blog.
Peut-être serait-il temps d’arrêter de spéculer sur ses propres idéaux, souvent guidés pour des raisons commerciales, pour laisser place à un vrai débat.
tiphaine dit :
Le 16 mars 2011 - 19:24
oui, quand tu dis « Si la démocratie moderne demande d’avoir une opinion éclairée sur tous les enjeux du débat public actuel, le rôle du citoyen promet d’être un véritable travail à temps plein » je suis complètement d’accord avec toi.
par ailleurs, une opinion, même éclairée, reste une opinion, non une connaissance.
je pense que nous n’avons en permanence que des savoirs partiels, voire partiaux, (et parfois en tant que citoyens, nous n’avons pas même accès au savoir, nous nous contentons d’émettre opinions et croyances…) et la Connaissance nous échappe.
ce qui lance le débat de ce qu’est la vraie Connaissance, et là, ca peut aller loin!
Jo dit :
Le 10 septembre 2011 - 19:27
Bonjour Ghislaine,
Je découvre votre blog et suis impressionnée par sa qualité, contenu et contenant.
Concernant les OGM, avez-vous avancé sur le sujet « participer à la transparence des débats sur le sujet » ?
Je ne suis pas scientifique et mon incapacité à me faire une opinion sur le sujet me dérange profondément. Ceci dit, l’angle qui me préoccupe le plus n’est pas celui de la dangerosité pour le consommateur. Ce que je crois comprendre, comme évoqué dans les commentaires plus haut, c’est qu’une plante OGM est stérile et rend, de fait, l’agriculteur totalement dépendant de l’industriel producteur de semences. À cela s’ajoute la brevetabilité du vivant… Et j’avoue que mon instinct atavique se rebelle à l’idée qu’un jour il pourrait ne plus être possible de se lever un matin de printemps pour planter des légumes dans son jardin sans avoir de compte à rendre à qui que ce soit.
Mais, comme souligné dans votre billet et dans l’échange de commentaires, je doute d’avoir suffisamment d’informations « fiables » sur le sujet et suis preneuse de toute information sur les lieux où un réel débat aurait pu s’instaurer.
Brice dit :
Le 12 septembre 2011 - 15:55
En attendant la réponse du Ghislaine, pour ma part je crois beaucoup à la diversité des sources d’information. Ici le site des fabricants de semences OGM, ni plus ni moins partisans que celui de Greenpeace ! 😉
http://www.actu-ogm.fr/
Ghislaine dit :
Le 12 septembre 2011 - 16:58
Merci Jo pour tout ces compliments 🙂
Je comprend cette « peur de la dépendance » aux semenciers… Le truc, c’est que cette dépendance existe déjà et n’a rien à voir avec le fait que les semences soient OGM ou non. Les semences « conventionnelles » sont déjà difficilement réutilisables, car elles dégénèrent dès la deuxième génération. Ce paramètre n’entre donc pas en ligne de compte dans le débat, malgré ce que certaines associations voudraient faire croire.
La plupart des gens que je connais qui font pousser leurs légumes dans leur jardin (bon, je n’en connais pas des tonnes, habitants à Paris intra muros) achètent leurs semences tous les ans et ne se posent pas la question. Avec ça, ils achètent aussi leur pesticide et leur engrais et ne savent pas forcément s’en servir… Les risques sont partout, et seule l’information peut diminuer le risque.
Le seul lieu « pacifique » que je connaisse où ce débat se tient est ici 😀 ! Comme le souligne Brice dans son commentaire, les sites institutionnels sont très parti-pris. Si j’ai du nouveau je compléterai l’article… Ou en écrirais un nouveau 🙂
tiphaine dit :
Le 12 septembre 2011 - 18:31
Hello Ghislaine! (vite fait, car raphael se tortille au bras gauche, j’écris de la main droite avec 2 doigts…)… ce que tu nous dis : « Les semences « conventionnelles » sont déjà difficilement réutilisables, car elles dégénèrent dès la deuxième génération. » m’étonne énormément et malgré ma méconnaissance du sujet, j’en doute fortement, car enfin les OGM ( non les croisements d’espèces et espèces améliorées…) datent du vingtième siècle seulement. aussi, si les semences conventionnelles étaient difficilement réutilisables, ne crois-tu pas que l’humanité serait morte de faim depuis longtemps?
bises
tif ( qui compte bien réutiliser ses semences de tomates l’an prochain. enfin, si pas de retour à paris…. 🙁 )
@ brice : oui, là-dessus nous nous rejoignons complètement : en quête de vérité, je multiplie les sources d’information…
Ghislaine dit :
Le 12 septembre 2011 - 18:52
Merci pour ton commentaire qui me fait creuser le sujet. Le principe de la sélection des graines pour en faire des semences est très bien expliqué dans Wikipédia : en bref, les semences sont des graines mises de coté par les semenciers sur des critères bien précis, qui assureront une meilleure qualité de récolte qu’avec des graines lambda.
Ta remarque sur la faim de l’humanité, est très pertinente : avant le 20ème Siècle et les progrès de l’agronomie, l’humanité était très souvent en proie à des famines. Celles-ci n’ont pas disparues hélas, mais la sélection de graines plus résistantes, plus productives et nécessitant moins d’intrants y est pour quelque chose 🙂
Si tu fais ton potager toi-même, tu pourrais d’ailleurs faire l’expérience de planter tes semis « maisons » et à côté, des semis « industriels ». Au bout de quelques générations tu devrais voir la différence.
tiphaine dit :
Le 29 novembre 2011 - 13:52
Hello Ghislaine!
en parlant de réutiliser ses semences… Le Parlement a adopté un texte sur la protection des semences végétales, qui obligera les agriculteurs à payer une indemnité lorsqu’ils réutilisent leurs semences d’une année sur l’autre.
je ne connais pas ce texte de loi et suis incapable d’en juger la véritable teneur, aussi je ne peux malheureusement que réagir à l’emporte pièce (je ne suis pas juriste),mais pour moi, c’est impensable et crapuleux! le lien vers l’article du monde…
http://www.lemonde.fr/planete/article/2011/11/29/le-texte-sur-la-protection-des-semences-adopte_1610493_3244.html
Ghislaine dit :
Le 30 novembre 2011 - 11:20
Coucou Tiphaine,
Ce que je comprends à cet article (mais je ne suis pas spécialiste non plus :)), c’est que les semences en question sont le fruit de la recherche des semenciers, et que la loi proposée est la moitié du chemin entre les agriculteurs et les semenciers…
Apparemment, l’alternative est d’interdire purement et simplement l’utilisation des semences du fait de la présence de brevet. L’article ne détaille pas le montant de la taxe et l’économie réalisée par les agriculteurs lorsqu’ils réutilisent les semences vs le rachat des semences de base.
Je suis d’accord avec toi que c’est bizarre de ne pas pouvoir réutiliser le fruit de sa récolte comme on l’entend : replanter, vendre ou consommer, après tout qu’est ce que ça change pour le semencier?
Mais d’un autre coté, la recherche effectuée par ces entreprises est bien réelle, et elle profite aux agriculteurs sinon ces derniers n’utiliseraient pas les semences, non?
Ce que je ne comprend pas, c’est que si c’est tellement des exploiteurs et des voleurs, pourquoi les agriculteurs ne fabriquent pas leurs semences eux-mêmes? C’est trop facile de laisser les entreprises réaliser les investissements, prendre les risques, mettre au point après des années de recherche des variétés de plus en plus adaptées et ensuite de dire que ce sont des voleurs parce qu’ils veulent être payer pour ça.
Et on n’entend jamais cette compréhension de la part des anti semenciers. C’est dommage, car le monde dans lequel on vit n’est pas celui ou le blé sauvage permet de faire du pain.
Avec ce qui est dit dans l’article, il me semble que la loi protège les agriculteurs contre le « tout brevet » américain et permet tout de même aux semenciers d’être dédommagés. Pas si mal donc…
tiphaine dit :
Le 1 décembre 2011 - 15:58
là où je suis d’accord avec toi, c’est lorsque tu dis : » pourquoi les agriculteurs ne fabriquent pas leurs semences eux-mêmes? « . (et bien que l’on pourrait retourner la question et demander pourquoi les semenciers ne fabriquent-ils donc pas des semences stériles…). c’est ce que j’espère entre autres de cette bataille concernant la brevetabilité du vivant : j’espère que la situation actuelle puisse par réaction mener à une évolution des consciences et une conservation des savoirs ancestraux qui ont permis à l’humanité de survivre sans ogm jusqu’à aujourd’hui. l’utilisation massive de semences réduites à quelques espèces uniquement fait peser une menace sur la biodiversité, sur notre survie et en plus standardise notre alimentation.
tu parles du blé, par exemple : « le monde dans lequel on vit n’est pas celui ou le blé sauvage permet de faire du pain. » j’ai justement vu une émission pas plus tard qu’il y a deux semaines sur le blé. oui, le blé qui permet de faire du pain aujourd’hui n’est pas le blé sauvage, et pourtant cela serait tout a fait possible. notre alimentation est standardisée et calibrée, si bien que seules quelques espèces de blé sont cultivées aujourd’hui en raison de leur potentiel de panification dans le cadre d’une boulangerie à échelle industrielle, alors que bien d’autres variétés pourraient etre cultivées et consommées, (mais pour cela un savoir est nécessaire, celui qui permet au boulanger de savoir comment traiter sa farine pour en faire du pain). une des conséquences potentielle de l’hégémonie de quelques espèces seulement dans les cultures serait l’allergie au gluten de plus en plus répandue. en effet, les blés que nous cultivons de manière prépondérante sont des blés contenant une forte teneur en gluten. or il est tout à fait possible de produire du pain à partir d’autres espèces, mais il faut pour cela sortir du cadre imposé qui est celui de produire un seul type de blé pour quelques types de pains uniquement.
toujours dans la même lignée, je suis amenée à faire des recherches afin de trouver comment me nourrir puisque je ne digère plus correctement ni le blé, ni le riz, ni les pommes de terres… enfin les variétés actuellement commercialisées. je me tourne donc vers d’autres féculents que je puisse assimiler. et la semaine dernière j’ai découvert une céréale africaine que je ne connaissais pas du tout. considérée comme « la céréale du pauvre », le fonio est une céréale qui n’est guère cultivée sur le sol africain. et pourtant, c’est un aliment non seulement riche en calcium facilement assimilable (pas comme celui du lait ;-)), mais également un aliment à bas indice glycémique (comparé au riz qui est énormément consommé). mais sa plus grande qualité est de pouvoir croitre sur des sols pauvres, sableux, et secs. pourquoi donc s’échiner à inventer des semences peu gourmandes en eau et génétiquement modifiées quand le trésor est là, à portée de main et qui ne demande qu’à pousser? qui gardera en mémoire ces savoirs et ces semences s’ils sont oubliés au profits d’innovations couteuses qui maintiennent le paysan sous dépendance? certes, l’innovation en matière d’agriculture peut apporter son lot de bienfaits. mais enfin pourquoi faudrait-il réinventer la roue?
et pour terminer, oui, il est juste que les semenciers soient rémunérés pour leur travail. mais de là à se constituer une rente par le paiement d’une espèce de dîme annuelle, je trouve cela mal placé. car enfin, toutes ces inventions admirables ne sont rien sans le principe de Vie universelle qui fait que toute chose croît. où est le salaire du soleil qui pose ses rayons sur chaque plante? (plus sérieusement, où est le respect et la préservation de la terre qui nous nourrit? qui paie sa « dîme »?). Personnellement j’ai fait l’expérience (quasi mystique!) de découvrir la terre. et de ressentir (à ma stupéfaction!) une grande gratitude envers cette terre généreuse qui contre un peu de labeur nous nourrit. et je salue bien bas le travail de personnalités comme Pierre Rabhi qui œuvrent pour la transmission de l’agroécologie, pour l’amélioration de la condition de l’être humain et de son environnement naturel.