Peur sur l’assiette
Ce n’est pas nouveau, depuis l’affaire de la Vache Folle dans les années 90’, nos assiettes sont l’objet de nombreuses peurs plus ou moins fondées…
Un édulcorant qui donne le cancer
La dernière en date : l’aspartame. Cet édulcorant découvert en 1965, par un chimiste qui recherchait des molécules anti-ulcère, est aujourd’hui mangé à toutes les sauces : dans les yaourts, les desserts, les bonbons… Mais aussi la bière ou les sirops pour la toux ! Autant dire que nous avons tous, à un moment où à un autre, ingéré ce « dangereux poison ».
Deux études sont mises en avant dans les média : la première1 a mis en évidence un lien entre la consommation d’aspartame et l’augmentation des cancers du foie et du poumon dans la descendance de rates et de souris. Cependant, cette observation ne concernait pas les souris femelles. La seconde2, une étude danoise réalisée sur 59 334 femmes, montre une augmentation de 38 % des cas d’accouchements prématurés chez les femmes consommant un soda allégé par jour et de 75 % chez celles qui en consomment quatre.
L’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA, devenue ANSES) a donc, dans un communiqué, déclaré qu’elle examinait sans délai ces nouvelles données… Tout en rappelant les arguments scientifiques existants qui ont justifié, et ce depuis 1994, l’autorisation de l’édulcorant en Europe.
Le biberon de l’horreur
Juste avant, c’est le BPA (bisphenol A) qui était sous le microscope. Ce composé chimique, présent dans les emballages en plastique, aurait des effets néfastes sur notre santé. De l’augmentation du diabète à la destruction des spermatozoïdes, le pire n’est pas encore dit. Car le pire, c’est que le BPA migre dans les aliments lorsque le plastique est chauffé, et qu’il y en aurait plein dans les biberons.
Les mamans indignes qui achètent des biberons en plastique n’ont qu’à bien se tenir, elles ne seront peut-être jamais grand-mères. Les canadiens ont d’ailleurs classé le BPA dans les substances toxiques dès octobre dernier… Et de nombreux experts français se sont déclarés pour la même décision en Europe. Bizarrement, l’EFSA n’est pas de cet avis…
Les poissons au mercure, les produits laitiers à la dioxine, l’acrylamide dans les gâteaux…
A se demander comment nous avons pu survivre jusque là ! En France et ailleurs, nous combinons deux tendances fortes qui se répondent entre elles : le principe de précaution et le principe de suspicion. Le « présumé innocent » n’existe plus depuis longtemps dans nos assiettes, et tout est scruté au microscope, jusqu’aux plus petits acides gras du beurre ou de l’huile de palme.
Et lorsqu’une petite souris meurt d’avoir été gavée au BPA, attention gare à votre santé ! Loin de moi l’idée de remettre en cause les études faites par d’éminents chercheurs, mais l’information nutritionnelle du grand public doit-elle puiser ses sources dans des études animales, faites avec des doses bien supérieure à celles potentiellement ingérée par les petites bêtes, et extrapolées assez rapidement à l’homme ?
Et le principe de responsabilité ?
Communiquer sur le risque, c’est jouer à la patate chaude. A partir du moment où les pouvoirs publics, les industriels, les professionnels de santé ont communiqué sur le risque, plus de problème !
Les gens sont prévenus : n’achetez plus de biberon en plastique, mangez bio, faites votre pain vous-même, déménagez à la montagne (à la campagne il y a les pesticides et les engrais qui polluent). Et ensuite ? Avec la désertification des zones rurales, nous n’aurons plus ni hôpital ni médecin à côté de chez nous. Mais ça aussi, nous étions prévenus…
Qui est responsable ? Nous. Nous sommes tous responsables de notre équilibre de vie, de notre santé. La composition de notre assiette n’est pas la cause de l’obésité dans le monde, la cause de tout cela c’est le manque de responsabilité de chacun, à chaque minute, au moment des repas et devant la télévision.
Mais c’est difficile d’être honnête avec soi-même, quand on a des boucs-émissaires à portée de main…
Florence dit :
Le 31 janvier 2011 - 13:10
Ce qui me fait peur, c’est l’impression que chaque jour une nouvelle révélation va venir nous apprendre que nous commettons de graves erreurs qui nuisent à notre santé et àcelle de nos enfants. Et ce dans tous les domaines : les aliments dans nos assiettes, les ondes de nos téléphones, les vapeurs d’essence de nos voitures …. Sans compter le mal que nous faisons à la planète par notre rôle indéniable dans le réchauffement climatique !
Il ne nous reste plus qu’à demander d’avance pardon à nos enfants, pour toutes nos fautes passées et celles à venir, qui font que nous leur construisons un avenir bien effrayant !
Ghislaine dit :
Le 31 janvier 2011 - 16:57
Plus je réflechis à l’éducation que j’ai reçu et à celle que je souhaite donner à mes futurs enfants, et plus je me rend compte que les « erreurs » d’éducation sont inéluctables… Et que seule la bonne volonté compte au final !
C’est d’ailleurs ce qui me gène le plus dans ces scandales alimentaires, je n’y vois que le besoin de se dédouaner, et pas celui de protéger les autres…
Tasnime dit :
Le 31 janvier 2011 - 13:16
C’est vrai qu’on nous dit qu’il y a de plus en plus de composants « dangereux » dans nos assiettes (et en dehors…), j’ai parfois l’impression qu’on ne devrait plus rien manger ou boire… et surtout pas l’eau du robinet à Paris (ou dans d’autres zones urbaines) !
L’eau est un des aliments les plus contrôlés en France et les études faites sur l’eau à Paris montrent qu’elle est de « très bonne qualité » (cf. rapport de la DASS en 2007). Mais la plupart de mes connaissances préfèrent boire l’eau en bouteille dite « minérale ». Or cette eau minérale coûte beaucoup plus cher à produire, pollue plus et n’est pas toujours aussi saine que l’eau du robinet.
Mais tu as tout à fait raison : chacun préfère se raccrocher au mythe urbain qui lui convient…
Ghislaine dit :
Le 31 janvier 2011 - 16:59
Comme l’indique Florence, il faut arrêter de respirer aussi !!! la qualité de l’air est aussi souvent mise en cause, sans rappeler qu’il nous faudrait ouvrir nos fenêtres régulièrement pour renouveler l’air intérieur… Mais bon, en cette saison c’est pas gagné 🙂 !
Mélanie dit :
Le 31 janvier 2011 - 13:21
Dans mon entourage, certains jeunes parents avaient investi dans un babycook: petit appareil électroménager qui fait à la fois cuiseur vapeur et mixeur et qui permet de préparer des petites purées maison originales.
Tout cela pour découvrir que leur appareil avait une cuve qui contenait du bisphenol A.
Ça a crée quelques doutes et un peu de découragement, comme si on ne pouvait jamais trouver une solution pour tout bien faire. Finalement, est ce qu’il n’aurait pas été plus simple de donner des petits pots?
A mon avis,non. Grâce à cet appareil, toute la famille s’est régalée et a tenté de trouver des recettes, des proportions pour faire découvrir de nouveaux goûts et des produits originaux (les panais par exemple).
Maintenant les cuves ont été changées et les bébés re-profitent des petites purées maison. L’histoire laisse quand même un petit gout amer aux parents et grand-parents soucieux de faire au mieux.
Ghislaine dit :
Le 31 janvier 2011 - 19:07
C’est amusant comme réflexion: je connais aussi beaucoup de jeunes parents qui se désespèrent de ne pas être parfaits :)).
J’ai passé beaucoup de temps dans la cuisine avec ma mère, à faire des petits plats dans des casseroles en inox ou des terrines dans les plats spéciaux de Tupperware…
Je ne suis pas sure de vouloir manger une nourriture exempte de toute « contamination », si le corollaire est de devoir effectivement manger des aliments insipides et fait « sous contrôle ». Tant pis pour le BPA… Et vive le baby cook, dont j’entends moi aussi beaucoup de bien ! Vivement qu’on en achète un 😉 !
Brice dit :
Le 31 janvier 2011 - 13:25
Les peurs que tu mentionnes ont un coût social très important. Les estimations sur le coût de prise en charge complet de la crise de la vache folle en France sont estimées au total à 850 millions d’euros pour 23 victimes confirmées.
Mais la peur est aussi un ressort clé de la consommation, bien connu des publicitaires qui savent que l’efficacité des campagnes est démultipliée dans les émissions spectaculaires, les films violents…
Le jackpot absolut est le journal télévisé. Non pas à cause de son audience, mais du niveau d’anxiété qu’il arrive à générer chez les téléspectateurs et qui leur fait mémoriser les annonces pour la nourriture deux à trois fois plus efficacement !
Malheureusement je n’ai pas de source, car toutes les études sur ce sujet sont effectuées par les agences de publicité, qui ne les publient pas. J’y avais accès quand je travaillais au Marketing pour l’Oréal, donc il faudra me croire sur parole…
Ce qui met la société de consommation sous tension dans un dilemme quasi-schizophrénique : il faut faire peur pour rentabiliser l’investissement publicitaire et créer la consommation, mais cette peur coûte peut-être aussi cher qu’elle ne rapporte, directement par la prise en charge et indirectement par l’effet délétère des psychopathologies.
Car les cobayes plus ou moins conscients de ce jeu à haut risque sont les consommateurs, un peu moins exposée quand ils lisent les informations comme celles de ton blog, mais globalement fragilisés (cf. records de consommation d’anxiolitiques et d’anti-dépresseurs).
Et en effet, l’intrusion du bouc émissaire est peut-être le seul échappatoire possible de ce dilemme, et frappe donc au cœur du système : dans l’assiette ! 🙁
Ghislaine dit :
Le 31 janvier 2011 - 19:17
J’entend de plus en plus autour de moi mes proches dirent qu’ils ne regardent pas la télé, ou très peu, et qu’ils s’informent sur internet.
Je n’ai pas réussi à trouver des chiffres sur l’évolution de la part d’audience des JT, ce serait un bon sujet pour une infographie…