ENjeux de société

J’ai lu le Macroscope de Joel de Rosnay il y a bien longtemps, et j’avais adoré. Aussi, quand la Française des Jeux m’a invitée à la conférence ENjeux de Société la semaine dernière, la participation de ce savant, éminent biochimiste et systémiste, m’a intriguée et j’ai souhaité en savoir plus. Ce billet ainsi que le prochain vous ferons part de ces échanges passionnants.

 Le jeu, l’activité sérieuse de l’enfant

Les enfants apprennent la vie en jouant : c’est ainsi que M. de Rosnay a commencé la conférence. « Ils établissent des règles, l’émotion du jeu renforce la mémoire… C’est l’interdépendance des facteurs qui est fondamental dans l’apprentissage ». A la maternelle, le jeu est le moyen éducatif le plus utilisé : le plaisir favorise les apprentissages, et les enseignants sont les principaux auteurs des jeux éducatifs pour enfants.

La première table ronde réunissait entre autres Stéphane Clerget, pédopsychiatre, et Nathalie Bachelier, directrice du département matériel éducatif chez Nathan. Ils ont bien fait la distinction entre les jeux éducatifs et les jeux de loisir, même s’ils n’étaient pas d’accord sur la place de ces jeux dans la relation parents-enfant.

Jouer pour jouer ou pour apprendre ?

Stéphane Clerget avait l’air de préférer les jeux de loisir dans le cadre familial : je crois que le message ici était de dire « si vous souhaitez vous amuser avec vos enfants, faites le vraiment, et si l’objectif est d’apprendre des choses, faites bien la différence », car c’est vrai que jouer à apprendre à compter ou à écrire, ce n’est pas tout à fait la même chose que de jouer aux voitures ou à la dinette…

Faut-il laisser les enfants gagner ? La réponse m’a bien plu : ni oui, ni non… Car on ne peut pas se vraiment se mettre sur un pied d’égalité avec les enfants dans un jeu, donc parfois, laisser gagner c’est une bonne façon de dire qu’on accepte de se mettre à leur niveau. Mais dans tous les cas, les deux étaient d’accord sur le fait que le jeu doit être un plaisir et qu’il ne faut pas se forcer à jouer avec ses enfants. Le simple fait de les regarder jouer renforce leur sentiment de sécurité.

Y-a-t’il des jeux non adaptés à l’enfant ?

Les jeux de récréation sont-ils aussi indispensable à l’éducation de l’enfant ? Stéphane Clerget a fait part de son indignation sur la récréation, « véritable scandale de l’école aujourd’hui » selon lui. « On n’apprend pas aux enfants à jouer ensemble, il n’y a pas d’encadrement, c’est la jungle et les cours de récréation sont le théatre d’une très grande violence ». Les surveillants doivent devenir des animateurs, et si le « jeu de la bagarre » a une utilité, il doit être encadré, les joueurs doivent avoir envie de jouer tous les deux et qu’il y ait des règles…

En bref, oui au judo ou à la boxe à la récré, mais dans ce cas c’est une vraie activité.

Les deux intervenants ont conclu que le jeu était une activité primordiale dans la vie de l’enfant, et qu' »un enfant qui ne joue pas est un enfant en souffrance ».

La psychothérapie doit amener l’enfant et l’adulte à savoir jouer : quand on arrive à jouer, on arrive à être soi.