Cholestérol et maladies cardiaques

25 septembre 2014 12 commentaires Par Tomas

Votre médecin vous a diagnostiqué du cholestérol, et là, c’est le drame. Adieu beurre, œufs, charcuterie et autres ripailles ! Bonjour margarines allégées, poisson et légumes vapeur !

Le cholestérol, véritable spectre des troubles cardio-vasculaires, hante nos assiettes depuis 50 ans. Pourtant que sait-on réellement de cette molécule indispensable à notre organisme ? Son rôle dans le développement de troubles cardio-vasculaires est-il avéré ?

Le cholestérol, c’est mal ?

Tout commence aux Etats-Unis dans les années 60. Comme précédemment abordé dans cet article, le Dr Ancel Keys lance un pavé dans la marre en clamant un lien direct entre une alimentation riche en graisse, un taux de cholestérol élevé et l’augmentation des risques de maladies cardio-vasculaires. La solution paraît alors très simple et facile : éliminer tous les aliments riches en cholestérol de nos assiettes. Les œufs, les abats, les matières grasses animales sont ainsi déclarés comme nocifs et montrés du doigt…

Cette étude a été (et est encore !) largement relayée et fait les choux gras des journaux du monde entier. L’ennemi de santé publique numéro 1 est né : il s’appelle le cholestérol, et apparemment il proviendrait majoritairement de notre alimentation ! Sa diminution devient très vite l’objectif des politiques de santé publique en matière de lutte contre les troubles cardio-vasculaires dans les pays occidentaux.

Pourtant, des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent contre cette chasse aux sorcières au fil des décennies et contestent la relation de cause à effet entre cholestérol alimentaire et cholestérol sanguin.

Certaines études¹ vont même jusqu’à blanchir complètement le cholestérol en écartant son implication dans les troubles cardio-vasculaires… En 2013, la polémique fait rage : lobby pharmaceutique, mythe ou réalité ?  Différentes écoles de pensée s’affrontent laissant le public toujours plus perplexe… (lire l’article LeNouvelObs ici)

 Mais au fait, le cholestérol c’est quoi au juste ?

À force de le diaboliser on en oublierait presque qu’il est indispensable au fonctionnement de notre organisme !

Le cholestérol est un lipide capital qui intervient notamment dans la synthèse des hormones stéroïdes et dans la production de la bile, qui nous aide à bien digérer les graisses, lors de sa transformation par le foie. Il provient à la fois de l’alimentation qui fournit un tiers des ressources journalières (cholestérol alimentaire), le reste étant directement synthétisé par l’organisme (cholestérol sanguin). Transporté dans le sang, il est véhiculé par des lipo-protéines HDL (de haute densité) et LDL (de petite densité) :

  • Les LDL transportent le cholestérol du foie vers les organes. Lorsqu’il y en a « trop », ils se déposent sur les parois des artères. C’est pour cela qu’on l’appelle communément le « mauvais cholestérol ».
  • Les HDL transportent le cholestérol des organes vers le foie où il est éliminé et transformé. Ces transporteurs assurent aussi le nettoyage des artères, en prélevant le cholestérol qui s’y est déposé. C’est pourquoi on l’appelle aussi « bon cholestérol ».

Ces appellations de bon et de mauvais cholestérol n’ont chimiquement aucun fondement, le cholestérol reste toujours la même molécule chimique, mais elles ont l’avantage de mettre en lumière la dualité des effets du cholestérol dans l’organisme.

 Trop de cholestérol rime-t-il toujours avec troubles cardiovasculaires ?

Pas nécessairement…

Les plaques d’athérome désignent le dépôt de graisses sur les artères. Ces plaques, lorsqu’elles grossissent, peuvent se détacher et créer des caillots qui, s’ils remontent jusqu’au cerveau, provoquent un accident vasculaire cérébral. S’ils remontent vers le poumon, on parle alors d’embolie pulmonaire. l’équilibre entre le bon et le mauvais cholestérol limite la formation de ces plaques, c’est pourquoi il est considéré comme très important par la communauté médicale.

Pourtant, une autre cause que l’excès simple de « mauvais cholestérol » est avancée pour expliquer la formation des plaques d’athérome sur les parois artérielles : Selon de récentes études, les molécules de cholestérol LDL les plus petites sont des cibles privilégiées de l’oxydation. En s’oxydant, elles altèrent les parois des artères et aggravent de manière accrue les risques cardio-vasculaires, car elles favorisent le détachement de la plaque d’athérome. A l’inverse, les HDL sont elles peu sensibles à ce stress oxydatif. Plus qu’excès de cholestérol, c’est un vieillissement trop rapide des molécules qui serait en cause (Source CréaMeD) .

Avez-vous déjà entendu parlé du paradoxe français ? Non ? Alors courrez lire cet article !

Vers la fin des années 80, cette fameuse étude sur le French Paradox est venue démontrer que les français et habitants du pourtour méditerranéen avaient 4 fois moins d’accidents cardio-vasculaires que les américains et britanniques avec un taux de cholestérol tout aussi élevé. De nombreuses raisons ont été invoquées : le pouvoir anti-oxydant du vin, le faible apport en graisses animales mammifères, l’huile d’olive…  C’est à cette époque là que le régime crétois revient sur le devant de la scène comme l’un des meilleurs régimes au monde prévenant de nombreuses maladies et dégénérescences. Ce type de régime prévient-il l’oxydation des LDL petites et denses ?  La baisse de la mortalité est-elle liée à un mode de vie global plus sain, en plus de ces aspects nutritionnels ?

Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’un taux de cholestérol élevé ne provoque pas nécessairement de troubles cardio-vasculaires. Il est important de regarder du côté des facteurs socio-culturels, environnementaux et héréditaires : le manque d’activité physique, le tabagisme, l’alcool à forte dose, les antécédents familiaux sont autant de facteurs de protection ou de risque des maladies cardiovasculaire, mais également de cancer.

 En attendant votre prochaine prise de sang

Mangez aussi sain que possible mais faites-vous plaisir, bougez, dansez, riez et profitez de la vie ! Le stress est sans doute la plus grande source de vieillissement, d’oxydation et de crispation alors ne le tentez pas… Et si vous devez diminuer votre cholestérol, en plus des prescriptions de votre médecin, sachez qu’un mode de vie plus actif et une légère perte de poids peut faire beaucoup pour vous, en tout cas davantage que de supprimer le beurre !

¹Meta analysis of prospective cohort studies evaluating the association of saturated fat with cardiovascular disease, Am J Clin Nutr 2010;91:535–46

 

12 Commentaires

  1. nhsante dit :
    Le 23 décembre 2014 - 12:30

    à partir de l’age de 35 ans il faut penser de suivre un régime alimentaire qui doit être mis à jour chaque année

    Répondre

    • Ghislaine dit :
      Le 14 janvier 2015 - 18:44

      Bonjour, je ne suis pas sure de bien comprendre votre commentaire, pourriez vous l’étayer ? Merci 🙂 !

      Répondre

  2. Rebillet Garry dit :
    Le 13 mai 2015 - 18:03

    en ce qui me concerne, je témoigne que je n’avais pas de surcharge de mauvais cholestérol, et une légère surcharge de  » bon » lorsque j’ai découvert par hasard que j’avais un atherome sur une carotide du cou! À 30%, ça se soigne au Kardegic 75mgr ( fluidification sanguine) et ça se surveille …. Certainement pas l’alimentation en cause, puisque j’ai une alimentation sans graisses, charcuterie, peu d’oeufs, très peu d’alcool etc….Oui, sans doute facteurs génétiques ou Stress?

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