Ma cocotte et moi
Certains objets ont une âme : un bijou, un livre, un vêtement… Ils ressemblent à des talismans ou des trésors, ce sont les objets « qu’on emmènerait sur une île déserte si on n’avait qu’un seul objet à emmener » . Je vais vous parler du mien : ma cocotte.
Elle m’a été offerte par ma mère, au moment où je quittais la maison. Cadeau symbolique, première pierre d’un futur foyer, recommandation cachée sur l’importance de bien se nourrir et de bien nourrir les autres, de prendre le temps de bien faire sans perdre une minute. La cocotte, c’est un peu mon patrimoine ultime : je peux tout vendre, tout donner, tout perdre, celle là j’y tiens VRAIMENT.
Son image se superpose dans ma tête à la cocotte familiale, la Seb avec les poignées noires, un peu rongées par les centaines (milliers) de lavages, qui sert à faire la choucroute, la potée et les soupes. La mienne fait des soupes aussi, quasiment toute seule d’ailleurs : c’est tellement simple que je me demande pourquoi j’en achète autant des toutes faites… La soupe de légume, toujours le fruit d’une sélection hasardeuse (finalement, j’en met ou pas des navets ???), la soupe de potiron, dernière nouveauté, la soupe de cresson que j’ai très envie de faire bientôt. Il y a mes plats à moi, le lapin aux girolles, la blanquette de lotte… Il y a aussi les plats que je ferai un jour, quand on sera nombreux à la maison : j’appelerai maman pour savoir ce qu’elle met dans la potée, exactement (c’est toujours un peu mystérieux la potée de maman).
Derrière cette cocotte il y a toute la famille : celle où j’ai grandi, avec les tablées à six d’abord puis de plus en plus grandes au fur et à mesure que les histoires d’amour des uns et des autres devenaient « sérieuses » . Ces tablées là, c’était des allers-retours dans la cuisine avec les plats qui séparent les étages de la cocotte : un plat pour le choux, un plat pour les saucisses, un plat pour le petit salé, un plat pour les légumes. C’est un peu magique la quantité de trucs qu’on peut mettre dans une cocotte, ça paraît pas si gros quand c’est fermé !
Derrière ma cocotte à moi il y a aussi tout cet amour, qui va pour l’instant à mes amis, à mes parents, à Brice. Le repas préparé dans la cocotte a quelque chose en plus, une espèce de sagesse, de patience et d’efficacité, un gout différent qui le rend plus respectable. Ce repas-là sera forcément apprécié, je ne sais pas trop pourquoi… Il reçoit peut-être trop d’ondes positives pour qu’il en soit autrement.
Dans cette cocotte, il y a enfin la famille qui se construit en ce moment : pilier de la cuisine pour notre petit noyau, à 3 très bientôt, à 4 plus tard, à 5 peut-être ? On ne sait pas le nombre, mais moi je sais qu’elle sera là, dans la cuisine, pour rassembler autour du plaisir qu’elle donne, tant par son chant et son odeur quand elle travaille que par le produit de notre collaboration fructueuse, qui donne une touche d’authentique à la cuisine et l’âme de nos repas.
Et plus tard, à mes enfants et à leurs enfants, je raconterai les recettes de ma cocotte, je leur donnerai comme des secrets de bonheur pour leurs foyers…
Brice dit :
Le 27 janvier 2012 - 00:21
C’est amusant, moi aussi j’ai une relation très particulière avec ma cocotte : avant je ne savais pas cuisiner… Et après je savais ! Pour moi jusqu’à ce que j’achète une cocotte en rentrant d’Asie, la cuisine c’était une « affaire » qui demandait du temps, du savoir-faire, une tradition à la fois familiale et personnelle que je n’avais pas. Et soudain en quelques minutes les carottes étaient cuites !
Et après m’avoir accompagné durant de longues années de célibat vers l’art culinaire, ma cocotte a tiré sa révérence : j’avais rencontré ta cocotte ! Mais si elle a su se faire discrète pour donner de l’espace à la tienne, ma cocotte n’a pas dit son dernier mot, je te rassure. Elle sera toujours là pour les moments de fatigue de ta cocotte ou pour simplement rappeler qu’un homme et une cocotte ça peut aussi faire bon ménage.
Et dire qu’il y aura bientôt une nouvelle cocotte dans nos vies… 😉
DUCORPS Anne dit :
Le 29 janvier 2012 - 21:30
Je n’aurais jamais pu imaginer ce qu’une cocotte pouvait
faire exprimer tant d’amour, de reconnaissance et d’espoir
bravo les enfants, je vous aime (et plus que vous n’aimez votre cocotte=
Ghislaine dit :
Le 30 janvier 2012 - 00:54
Nous aussi on t’aime 🙂
Laurence Haurat dit :
Le 27 janvier 2012 - 21:40
On a tous une cocotte dans sa vie ou quoi ?! Moi aussi, j’ai « hérité » de la cocotte de ma grand-mère. J’étais fière quand ma maman me l’a donnée. Elle n’est pas hyper sophistiquée, plutôt compacte mais grand volume interne. Elle fait juste pschitt pour prévenir qu’il faut baisser le feu et pas bilip-bilip puis quelques minutes après tulut-tulut pour dire des trucs que je ne comprends pas, comme la dernière hyper sophistiquée que la marque historique a sorti…
Et puis la mienne, mon héritage, elle ne colle pas, elle est culottée et elle ne fonctionne que sur le gaz. C’est une bonne vieille mémère dans laquelle la choucroute n’a jamais le même goût : elle caramélise juste comme il faut mais elle ne colle pas comme dans la cocotte nouvelle.
Je sais, ça fait un peu vieux schnoque de penser comme ça mais on dit bien que c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes. Ca doit être pareille dans les cocottes et ça, on n’y peut rien et ça n’a rien à voir avec le fait que « c’était mieux avant ! ».
Florence dit :
Le 30 janvier 2012 - 23:36
Étonnant toutes ces histoires de cocottes qui nous rassemblent… qui nous ressemblent.
Je me souviens comme si c’était hier du jour où ma mère m’a offerte la plus grande de ses cocottes : c’est tout son plaisir de cuisiner pour et avec ceux que l’on aime qu’elle me communiquait ce jour-là. Elle m’a transmis en même temps quelques incontournables recettes familiales (pot-au-feu, osso buco… ), qu’elle avait écrites à la main, sur du papier quadrillé. Ces feuilles de papier, je les ai toujours, bien à l’abri dans mon livre de cuisine préféré.
Je la regardais avec admiration concocter ces petits plats quand j’étais petite. Puis j’y ai participé étant plus grande, reproduisant du mieux possible tous ses gestes. Et j’adore aujourd’hui les réaliser avec mes propres enfants. Des recettes transmises de mère en fille depuis plusieurs générations, et qui ne sont jamais tout à fait pareil à l’original car chacune a apporté une touche personnelle… son petit « grain de sel ».
Parmi ces recettes, il en est une que j’adore : c’est celle de la blanquette de veau. Et celle-ci, je l’a reproduit toujours telle que ma mère me l’a apprise, avec ses petits secrets qui en font un moment de pur bonheur !
Cette recette, elle est unique et irremplaçable… tout comme elle !